La fissure

Chaque année, la Société des Beaux-Arts du Périgord organise au printemps une exposition à thème, dans un format ne dépassant pas les 50 points. Pour 2025, le sujet imposé était le passage.

Si je n’aime guère être contraint par un cadre prédéfini, j’ai tout de même choisi de participer, en hommage aux bénévoles qui font vivre cette petite communauté d’artistes avec passion et détermination.

J’ai à la fois assuré et pris des risques. Assuré, car j’ai utilisé des techniques familières—collages de papier et gesso. Pris des risques, en travaillant pour la première fois avec des feuilles d’or, un matériau inconnu dans ma pratique.

Et pourtant, le résultat m’étonne. Il me semble plus vibrant encore que ce que la photographie peut en transmettre—car cette toile n’a pas de bleu, contrairement aux reflets captés ici. Mais ce n’est pas cela qui importe. Ce qui compte, c’est cette faille profonde qui traverse la matière épaisse et brute, comme une fissure dans une roche, une blessure, une ouverture.

L’or s’y glisse, s’y engouffre, éclaire les ténèbres d’une lueur éclatante. Il ne s’agit pas seulement d’un contraste visuel, mais d’un dialogue entre l’obscurité et la lumière, entre la densité du monde matériel et la possibilité d’un passage vers autre chose. Cette brèche, cette forme organique aux allures de vulve volcanique, devient le point de naissance d’un nouveau souffle—peut-être d’un nouveau monde.

Un passage, une traversée, une métamorphose.

Mea culpa ? Peut-être. Mais surtout, une exploration.

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