Cette toile a vu le jour en 2023, à une période charnière de ma pratique, lorsque je délaissais le café pour explorer la couleur. Elle porte en elle l’esprit qui m’habitait alors, travaillé dans la matière—ici, un mélange de papier hygiénique et de gesso, offrant une texture singulière. Mais à l’époque, le résultat ne m’avait pas convaincu, et la toile est restée en sommeil dans l’atelier…

Récemment, une amie de passage s’est arrêtée devant elle, séduite par le rouge et la lumière qui jaillissaient de la composition. Son regard a fait naître une révélation : ces éléments, que je n’avais pas pleinement perçus, ont soudain pris tout leur sens. Car au fond, n’est-ce pas cela, le véritable succès d’une exposition ? Non pas la vente, mais l’émotion du visiteur, cette résonance intime entre l’œuvre et celui qui la contemple.

Alors, j’ai repris mes pinceaux. J’ai achevé cette toile et l’ai offerte à mon amie vitrailliste, touché par son parcours chaotique et admiratif de sa résilience. Elle traduit la lumière à travers le verre comme un messager, une passeuse de clarté.

Le titre, La Guerre des Anges, fait écho aux écrits de l’Apocalypse (Ap 12:7-9), où s’affrontent les fils de la lumière et les fils des ténèbres. Entre ombres des matières et lumières des couleurs, cette œuvre trouve sa place dans ce combat immémorial.