François Carrière

Lord de Glencoe

Artiste peintre

Démarche artistique

Démarche artistique

« La normalité est une route pavée : on y marche aisément mais les fleurs n’y poussent pas. » - Vincent Van Gogh

Mes influences

Ma mère, me répétait souvent une phrase issue des évangiles,  (phrase que je n’y ai jamais retrouvé) où Jésus aurais-dit « les tièdes je les vomis ». Eduqué dans ce monde noir ou blanc, c’est en acceptant l’hétéroclisme que je trouve ma place, inévitablement « à la marge ».

Cultiver la marginalité, la provocation, se réinventer sans cesse, trouver dans le chaos de nos sociétés en perdition une source créatrice esthétique, a été pour moi une source d’inspiration constante qui s’étend jusqu’au domaine spirituel. J’ai dès lors recherché dans l’intermarginalité une façon de me positionner hors du système existant tout en souhaitant peser sur ses codes de fonctionnement.

Ma pratique du bouddhisme tibétain pendant plus de 15 ans va également « enrichir » ma vision du monde. La méditation, les enseignements reçus, le temps passé sur le coussin vont nourrir et conforter l’idée que nous sommes profondément ancrés dans un monde de dégénéréscence.
Mon intention est d’utiliser mes toiles comme un vecteur émotionnel, dont l’objectif est de faire vivre une expérience unique aux spectateurs et de réussir à imprégner leur mémoire.
Un moyen d’enseigner le Dharma comme un autre pourrait-on penser, alors qu’il ne s’agit « que » de la concrétisation de mon souhait d’intermarginalité.

De l’intention à la concrétisation

Comme les expressionnistes à leur époque, mes toiles sont le reflet de ma vision, souvent pessimiste, de la modernité, hantée par la menace d’une crise sociale et spirituelle. Je suis persuadé que nous construisons notre suicide et creusons notre propre tombe.
Dans cette fascination et cette l’horreur de notre avenir apocalyptique, la destruction devient une source de renouveau, d’avenir qu’il faut atteindre par la violence, si besoin.

Afin de parvenir à susciter cette charge émotionnelle (dans le sens militaire du mot, c’est-à-dire celui d’une attaque frontale), mes représentations abstraites de la réalité se sont d’abord fondées sur des visions angoissantes, déformantes et stylisantes pour atteindre la plus grande intensité expressive.

Des moyens à la technique

Pour parvenir à la destruction, et donc au renouveau, la violence qui sort de ma personnalité s’exprime dans la spontanéité de mon travail. Pour suivre les conseils de Van Gogh, celui-ci se veut rapide afin de conserver dans la toile l’empreinte d’une énergie émotionnelle brute. Hors de question pour moi de créer une étude préalable ou de retoucher ce qui va être jeté à la face du spectateur.
Dans ce contexte émotionnel particulièrement pesant, la toile se présente à moi comme une vierge à aimer, baiser. Je n’ai, en général, aucune idée préconçue de la façon dont cela va se passer sinon qu’un vague projet qui se limite à couleur versus café, ou mixte.

L’utilisation de la couleur café

Marron est la couleur du café.
Je n’aime pas ce mot « marron » qui revêt trop souvent des symboliques négatives : saleté, impureté, excrément et parfois même violence qui pourtant trouve sa place entière dans mon processus original de création.
Certains langages n’ont pas de mot pour désigner des couleurs que nous avons catégorisées, (en mandarin, par exemple, le marron n’a pas de dénomination et pour le désigner, on dit simplement « la couleur du café » (kā fēi sè).
Le marron est une couleur qui ne figure pas sur le cercle chromatique traditionnel, c’est-à-dire qu’elle ne constitue pas une couleur primaire, secondaire ou tertiaire : il est impossible d’obtenir cette couleur en mélangeant à part égale deux teintes issues de ces trois catégories. En colorimétrie, on pourrait même vous dire que le marron n’est qu’un dérivé de la couleur orange.

A l’époque de mon entrée dans le monde de la peinture, mon esprit dépressif a besoin d’une couleur apaisante. Je plonge alors, instinctivement et sans aucune réflexion, dans l’univers d’une couleur fascinante, symbole de stabilité et de sérénité. Considérée à tort comme une couleur neutre, la couleur café est la teinte la plus présente dans la nature, d’où le confort et la présence maternelle (peut-être parce que c’est la couleur de la terre) qu’elle évoque. Elle est si omniprésente autour de nous qu’elle constitue d’ailleurs l’une des rares couleurs dont on ne se lasse pas, même lorsqu’elle est utilisée en quantité.
À sa présence enveloppante qui évoque la nature, elle ajoute celle, rassurante, du chocolat, puissant vecteur de sérotonine, l’hormone du bonheur. Pour évoquer la tradition et la stabilité certaines marques de luxe l’ont même associée à un coloris or avec lequel elle allie tradition et opulence.
L’année écoulée (septembre 2022 à novembre 2023) m’a permis de me positionner pour mes choix futurs, tout au moins à court et moyen termes.
La couleur café et son utilisation sur des matières diverses doivent aujourd’hui s’accompagner d’un travail sur l’espace qu’il convient de leur donner sur la toile.
Mes « fantômes » ne sont plus la source unique de ma création. La « lecture » des empreintes de café sur une toile vierge se doit d’être dépassée par l’acquisition d’une maitrise de ma propre écriture comme l’œil de mon propre cyclone.

François Carrière

Lord de Glencoe

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